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lancelot du lac.

baron qui poursuit ma dame de Roestoc est un chevalier voisin, nommé Segurade, auquel, jusqu’à présent, personne n’a pu faire rendre les armes. Il a demandé la main de ma dame, qui, ne le trouvant ni assez jeune, ni assez haut homme, l’a toujours refusé. Pour contraindre sa volonté, il a commencé contre elle une guerre cruelle, avec l’aide non pas tant de sa parenté que des jeunes chevaliers attirés par son renom de prouesse et de largesse. Il a donc brûlé, ravagé ses terres, et les gens du pays, désolés de ces courses continuelles, sont allés trouver Madame et l’ont menacée de l’abandonner, si elle refusait de s’accommoder. Madame de Roestoc, d’après le conseil de son parent le plus âgé, a donc enfin promis d’épouser dans un an Segurade, s’il continuait à outrer tous les chevaliers qui se présenteraient pour disputer sa main. Segurade, plein de confiance dans sa prouesse, a consenti ce délai d’une année ; cependant, il a soin de faire garder tous les passages qui conduisent à la terre de Roestoc, pour arrêter les chevaliers qui viendraient tenter de lui disputer Madame.

« D’un autre côté, ma nièce et ce chevalier étaient impatients du retard que je mettais à leur union. Je voulais au moins attendre le terme consenti par Segurade, pour savoir au