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hector, gauvain et la dame de roestoc.

La dame essuya ses larmes, et s’avançant vers messire Gauvain : « Chevalier, soyez le bienvenu ! — Et à vous, Madame, Dieu donne bonne aventure[1] ! — Grand merci ! Avez-vous l’espoir de vaincre Segurade ? — Cela, je ne puis le dire. — Vous ne pouvez ? Que je suis malheureuse ! — Eh Dieu ! Madame, fait le sénéchal, qu’avez-vous encore ? — Ce chevalier ne peut me promettre de vaincre Segurade. — Il parle sagement : comment pourrait-il compter sur ce qui est en la main de Dieu ? »

Devisant ainsi, ils arrivent à Roestoc. On désarme messire Gauvain et Hector ; on les introduit dans une salle fraîchement jonchée. Plus Hector regarde son compagnon, plus il est frappé de sa haute mine et de sa noble tenue ; mais il craindrait de faire acte de vilenie s’il lui demandait son nom.

Les tables sont dressées et le manger servi. Comme ils étaient assis, arrive un écuyer qui sans descendre de cheval approche assez près de la salle pour être entendu : « Dame, dit-il, Monseigneur apprend que vous avez trouvé champion. Il est prêt à le combattre, et lui accorde trois jours pour dernier délai. » Le sénéchal répond : « Vous direz à votre seigneur que notre chevalier, quoique fatigué du voyage, sera

  1. Nous dirions aujourd’hui « Bonne chance ! »