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lancelot du lac.

l’aventure conduirait ici, en les contraignant à demeurer au moins une nuit, pour défendre de leur corps le château, et à jurer, avant de partir, une haine mortelle à tous les ennemis de l’Étroite marche, c’est le nom de mon château, s’ils n’étaient pas les hommes de ceux qui voudraient s’en emparer.

— « En vérité, dit Hector, voilà une méchante coutume. Quel intérêt peut avoir un chevalier étranger à défendre votre Étroite marche ? — Telle qu’est la coutume, je suis tenu de la faire observer. Il peut ici nous arriver un chevalier assez preux pour mériter ma fille avec l’honneur de ce château, le plus fort de toute la Bretagne. Huit jours ne sont pas encore passés que deux vassaux du roi Artus ont été faits prisonniers par Marganor, pour n’avoir pas suivi mes recommandations : l’un est messire Yvain, l’autre Sagremor. Ils m’avaient dit, en arrivant, qu’ils allaient, de concert avec messire Gauvain, en quête du meilleur chevalier qui jamais ait porté écu. Sagremor refusait de devenir mon homme d’un jour ; mais messire Yvain lui représenta que j’étais moi-même vassal du roi Artus, et que mes ennemis étaient aux portes. Ils jurèrent donc tous les deux. Quand ils furent armés, ils me prièrent de les laisser faire montre de prouesse. Je mis à leur demande une condition : c’est