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les enfances.

teux que l’abandon d’un fidèle vassal à la merci de ses ennemis ? Je viens plaider la cause de la noble reine de Benoïc qui, pour sauver son honneur, est entrée dans une maison de religion. Car telle est la crainte que le roi Claudas de la Déserte inspire, que nul autre dans le pays n’a le courage de venir rappeler ici les droits de ceux qu’il a dépouillés. »

Artus répondit : « Adragain, votre clameur est juste : je savais que le roi Ban était mort, mais je n’ai pu trouver jusqu’à présent le temps de venir en aide à son fils. J’ai eu de grands et nombreux ennemis à combattre, qui menaçaient ma propre couronne. Mais croyez-moi, je sais à quels devoirs engage le nom de suzerain ; aussi, dès que je le pourrai, soyez bien assuré que je passerai la mer et viendrai en aide aux fils des rois Ban de Benoïc et Bohor de Garnies. »

Adragain prit alors congé et repassa la mer, heureux d’aller apprendre aux reines ce que le roi Artus avait promis. Mais il devait s’écouler encore bien du temps avant que le roi Claudas rendît aux enfants leur héritage. Ici nous laissons Adragain le brun, et nous revenons aux deux fils du roi Bohor, enfermés dans la tour de Gannes.