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les enfances.

plus. — Quoi ! n’êtes-vous pas à moi, mon frère, son maître et vous ? J’entends que vous retourniez à table, et pour moi, je ne mangerai pas avant d’avoir fait ce que j’ai en pensée. — Dites-moi quelle est cette pensée ; vous devez la confier à ceux qui pourraient y mettre conseil. — Je ne la dirai pas. — Et moi, je quitte votre service ; dès que vous ne nous demandez plus conseil, nous sommes devenus inutiles. » Pharien fait un pas en arrière, et Lionel qui l’aimait tendrement lui crie « Ah ! maître, ne me quittez pas : vous me feriez mourir : je vais tout vous dire. Je ne veux pas m’asseoir à table avant d’être vengé de ce roi Claudas. — Et comment pouvez-vous espérer de le faire ? — Je lui manderai de venir me parler, et quand il sera venu je le tuerai. — Et quand vous l’aurez tué ? — Les gens de ce pays ne sont-ils pas mes hommes ? Ils me feront secours, et, s’ils me manquent, j’aurai la grâce de Dieu qui vient en aide au bon droit. Bien soit venue la mort, si je la reçois pour mon droit défendre ! Ne-vaut-il pas mieux mourir à honneur que d’abandonner à d’autres son héritage ? Mon âme n’en sera-t-elle pas mieux à l’aise, et qui déshérite fils de roi ne lui enlève-t-il pas plus que la vie ?

— Non, beau sire, dit Pharien, vous ne ferez pas cela : vous y perdriez la vie avant