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lancelot du lac.

Lambègue, la femme épousée de Pharien, sortit tout échevelée de la chambre où elle était depuis si longtemps retenue, et se jetant entre l’oncle et le neveu : « Ah ! gentil Pharien, cria-t-elle, « ne tuez pas le meilleur chevalier du monde, le fils de votre frère ! vous en auriez à jamais honte et regret. S’il hait tant le roi Claudas, c’est, vous le savez, pour l’amour de vous dont il voulait venger la honte. C’est moi seule que vous devez tuer ; je l’ai mieux mérité que lui. » À la vue de cette femme accourant défendre son implacable accusateur, Pharien s’était arrêté ; puis, sans répondre, s’était rejeté sur le sire de Hautmur qui venait de se relever. Les dix autres chevaliers de leur côté défendirent leur compagnon, fondirent sur le sénéchal et l’eurent bientôt, couvert de sang. C’en était fait de lui, si Lambègue ne se fût redressé et n’eût aussitôt pris le parti de son oncle. De part et d’autre on baisse les épées, les glaives les dix chevaliers descendent les degrés de la tour, et la dame ne perd pas un seul moment pour étancher le sang et bander les plaies de Pharien. Lambègue mêlait ses larmes au sang qui l’inondait peu à peu, Pharien sent apaiser son ressentiment, il regarde tour à tour sa femme, son neveu ; il leur tend en pleurant ses deux mains. Lambègue apprit de lui que ce n’était pas Claudas qu’il avait frappé, et se repentit sincèrement