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lancelot du lac.

pas ainsi du roi : il se signait en levant les mains, il ne savait que résoudre. Enfin, il se tourna vers la reine : « Dame, avancez ; c’est à vous de démentir ce que vous venez d’entendre. Si l’accusation est vraie, vous m’auriez indignement trompé et vous mériteriez la mort. Au lieu d’être la plus loyale des dames, vous en seriez la plus perfide et la plus fausse. »

La reine se lève et, sans témoigner la moindre émotion, vient se placer auprès du roi. En même temps s’élancent quatre ducs et vingt barons, comme pour demander à la défendre. Messire Gauvain, le visage enflammé de colère et d’indignation, serrait avec rage le bâton neuf qu’il avait en main. « Demoiselle, dit-il, nous tenons à savoir si vous avez entendu jeter un blâme sur ma dame la reine. — Je ne vois pas ici de reine, répond la demoiselle ; mon blâme s’adresse à celle que je vois devant moi et qui a trahi sa dame et la mienne. — Sachez, reprit Gauvain, que madame, ici présente, ne sera jamais soupçonnée de trahison, et qu’elle saura bien s’en défendre. Peu s’en faut, demoiselle, que vous ne m’ayez fait manquer à la courtoisie que j’ai toujours témoignée pour dames ou demoiselles ; car vous avez brassé la plus grande folie qu’on ait jamais pensée. » Puis,