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songe de galehaut.

trouvé qu’il vous convenait de traverser un pont formé de quarante-cinq planches ; et que vous deviez tomber dans une eau noire et profonde dont nul ne revenait. Vous serez à la dernière de ces planches, quand approchera le terme de votre vie. Ces planches doivent répondre à des années, à des mois, à des semaines ou à des jours ; mais je n’en ai pu à faire la distinction. Je ne dis pas cependant que vous ne puissiez passer outre, car le pont se continuait plus loin que l’eau ; mais le léopard était à l’issue des planches : il en permettait ou défendait le passage. » Ces paroles émerveillèrent grandement Galehaut et Lancelot.

Et quand ce fut au tour d’Helie de Toulouse, il dit : « Vous avez appris, sire, quelle devait être l’occasion de votre mort ; il ne vous reste qu’à en reconnaître le moment. Vous ne trouverez pas aisément qui pourra vous le dire, car la divine Écriture nous apprend que les jugements de Notre Seigneur sont secrets, et nul mortel ne peut de lui-même en rien pénétrer. Il est vrai que, par notre grande clergie, Dieu permet que certaines parties nous en soient révélées, mais non toutes ; lui seul peut connaître le sort de ses œuvres. — Maître, reprit Galehaut, les neuf premiers clercs ont acquitté leur serment, il faut que