Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
lancelot du lac.

l’âme ? — C’est précisément, répond Galehaut, pour me pourvoir contre la mort de l’âme, que je veux connaître le terme de la vie du corps. J’entends me préparer à bien finir et à redresser les torts que j’ai faits jusqu’à présent. — Oui, je le sais, vous amenderez volontiers votre vie, et réparerez les maux que vous avez dû causer, quand vous vouliez conquérir le monde : mais ce que vous désirez savoir n’en est pas moins dangereux. Je vous conterai à ce propos qu’en la terre d’Écosse il y eut autrefois une haute dame qui, après avoir longtemps suivi la folie du monde, fit connaissance d’un saint ermite ; elle allait souvent le trouver dans une profonde forêt, si bien qu’elle en réformait sa vie et ne se complaisait plus qu’en bonnes œuvres. Une nuit, l’ermite apprit dans une vision qu’elle n’avait plus à vivre de longs jours : il lui fit part de sa vision, et elle en eut la chair si tremblante qu’elle en oublia le salut de son âme et tomba en désespérance. Le bon ermite la voyant ainsi redevenir la proie du diable, cria merci à Notre Seigneur et la tenant entre ses bras, il la porta sur l’autel avec force prières et invocations. Dieu, qui n’abandonne pas ceux qui le prient de bon cœur, entendit le bon homme : une voix descendit dans la cha-