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lancelot du lac.

barons de la terre, puis les autres barons et chevaliers qui avaient été en la cour du roi Léodagan. Il y en eut pourtant dans le nombre qui soutinrent la cause de la vraie reine ; mais le roi ne tint pas compte de leurs réserves, tant le philtre qu’on lui avait servi lui avait troublé l’entendement. La reine fut jugée coupable : ce fut la plus grande tache de toute la vie du roi Artus. À l’occasion de ce faux jugement, il y eut grande liesse dans le pays de Carmelide, grand deuil dans le royaume de Logres.

Après la sentence des juges, le roi demanda ce qu’on devait faire à l’égard de celle qui l’avait si longtemps abusé. Galehaut, devinant la pensée du roi, fut d’avis de remettre à la Pentecôte une aussi grave décision ; attendu qu’une telle supercherie ne pouvait être punie à la hâte. Il parlait ainsi pour demeurer dans le parti des conseillers du roi ; en effet, le roi parut lui en savoir bon gré et consentit au délai proposé. En attendant, il confia à mess. Gauvain la garde de la reine, à la condition de se représenter avec elle à la Pentecôte : « N’y manquez pas, beau neveu, lui dit-il encore, si vous voulez conserver mon amour. — Sire, répondit Gauvain, ce n’est pas la première fois que la reine est menacée de vous perdre. » Il disait cela pour rappeler comment