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lancelot du lac.

conde, et bientôt, assis tous quatre sur l’herbe menue, les demoiselles sont en même temps priées d’amour. Mais si la requête de Giflet est gracieusement accueillie, il en est autrement de celle de mess. Gauvain. « Non, sire, » dit la première pucelle, « votre amour serait trop mal employé. Je suis une pauvre fille, de pauvre beauté, et je vous ai attendu pour vous conduire à la plus belle et gentille demoiselle que vous puissiez désirer. — Je n’en veux rien croire, répond mess. Gauvain ; comment trouverai-je demain mieux que je n’ai aujourd’hui rencontré ? — Parlez autrement, sire : quand vous aurez vu la dame à qui je suis, vous changerez d’avis et vous me saurez gré de n’avoir pas fait en ce moment votre volonté. — Quelle est donc cette incomparable merveille ? — Veuillez seulement me suivre. — Allons ! j’y consens. Vous, Giflet, ne viendrez-vous pas avec nous ? — Demandez à ma nouvelle amie si elle y consent. — Non, répond la pucelle, j’entends de mon côté mettre à l’épreuve la prouesse de mon nouveau chevalier. »

Gauvain n’insista pas ; il reprit ses armes, aida la demoiselle à monter sur son palefroi, recommanda les nouveaux amants à Dieu, et remonta lui-même. En avançant dans la forêt, ils ne furent pas longtemps sans arriver devant