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départ de la reine.

avions donné un tout autre conseil ; et quand le seigneur ne veut pas en croire ses barons, le blâme de la faute qu’ils ont voulu prévenir ne retombe pas sur eux. Mon avis maintenant est qu’au moins vous entendiez à la sûreté de madame : elle ne la trouverait pas dans vos terres ; celle qui va prendre sa place ne manquerait pas de la persécuter : mais vous pouvez lui donner pour lieu de retraite le royaume d’Urien, ou le Léonois que tient mon père le roi Lot, ou la terre de Sorelois dont le grand prince Galehaut lui offre la seigneurie. »

Le roi n’avait pas eu le temps de répondre, quand un chevalier, grand ami de la nouvelle reine, demande à lui parler. Mess. Gauvain rentre dans la salle du conseil, et le roi voyant les yeux larmoyants du chevalier : « Qu’avez-vous, lui dit-il, et que fait la reine ?

« — Sire, elle se désespère : elle a su que vous vouliez retenir votre concubine sur la terre de Bretagne ; s’il en était ainsi, sachez que madame la reine en mourra de chagrin. — Hâtez-vous, répond le roi, d’aller la rassurer ; je ne ferai rien qui puisse lui déplaire. » Et revenant à messire Gauvain : « Beau neveu, je reconnais que Genièvre ne peut demeurer ici, ni dans les terres de ma dépendance. Elle n’y serait pas en sûreté, et je ne veux