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le val sans retour.

son épée sur leurs pis, sur leurs têtes et parvient enfin à passer outre, laissant les dragons lécher le sang qu’ils ont fait jaillir et dont leurs ongles sont humectés. Pour le duc, son premier soin est d’éteindre les flammes qu’ils avaient vomies contre lui ; mais il se trouve bientôt devant une rivière bruyante et rapide. Surpris de voir dans le Val un si grand cours d’eau, il désespérait de le franchir, quand il aperçoit une planche longue et étroite sur laquelle il lui fallait tenter de passer. À peine y a-t-il avancé le pied qu’il voit à l’autre bout deux chevaliers armés et l’épée nue, faisant mine de lui défendre le passage. Il éprouve un moment de crainte ; car ils sont deux, ils tiennent la rive ; lui, s’il chancelle et tombe, ne pourra manquer de se noyer, l’eau étant profonde et noire comme l’abîme. « Je ne reculerai pas, » se dit-il. Mais quand il est au milieu de la planche, le cœur lui tremble, il a grand’peine à se maintenir. Il avance encore ; trois chevaliers, non plus seulement deux, lui disputent le rivage ; le premier lève son glaive, le second le frappe de son épée sur le heaume, le fait fléchir et enfin glisser dans l’eau. Il se croit perdu, il sent les angoisses de la mort ; mais, comme il était déjà pâmé, on le tire de l’eau avec de longs crocs de fer, et quand il ouvre les yeux, il se voit