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aventures de mess. yvain.

Au lendemain, le valet se lève un peu avant le jour et dispose le meilleur de ses chevaux, en attendant le réveil de mess. Yvain. « C’est, dit-il quand il le vit debout, le cheval qui portait mon père, il ne l’eût pas changé pour aucun autre ; mais s’il était encore meilleur, je vous le donnerais de plus grand cœur. » Messire Yvain le remercie, monte, et va ouïr la messe à une lieue anglaise de là, dans la compagnie du valet, de la mère et de la sœur. Il fut ensuite convoié jusqu’à deux lieues et prit congé d’eux en leur donnant son nom.

Tierce était arrivée[1] quand les yeux de mess. Yvain s’abaissèrent sur une vallée profonde. La descente était ardue et difficile ; il prit le parti d’avancer à pied en tenant son cheval par la bride. À l’extrémité de la vallée était une belle prairie traversée d’une rivière : sur les bords s’élevait un pavillon richement tendu ; aux pans étaient attachés dix écus avec autant de glaives. Mess. Yvain aperçoit à quelque distance une demoiselle liée par les tresses à l’une des branches, les deux mains également serrées. Le sang rougissait sa belle chevelure et inondait son visage : un peu plus loin un chevalier en pures braies fortement lié à un tronc d’arbre, la poitrine et le linge en-

  1. De six à neuf heures du matin.