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lancelot du lac.

bord. « Entendez-vous me disputer le passage ? leur crie-t-il. » Comme il ne reçoit pas de réponse, il ôte l’écu passé à son cou et le tenant le bras tendu, il avance d’un pas à la fois prudent et ferme. Au milieu de la passerelle, un des chevaliers arrive jusqu’à lui le glaive en main. Lancelot lui oppose son écu et la lance venant à s’y ficher, il tire à lui, jette à l’eau l’écu et la lance, puis vise le chevalier, le frappe à la gorge et le rejette sur la rive. Deux autres l’attendaient à l’issue du pont : il les approche, les frappe d’une main sûre et les renverse mais en les poussant sur le gazon, il tombe lui-même : il était déjà relevé, quand le premier, trop confiant dans ce qui lui restait de forces, revient sur lui d’un pas chancelant. Lancelot fait pénétrer la pointe de son glaive dans le haubert du chevalier, le renverse pour la seconde fois, le saisit dans ses bras et retourne le jeter dans la rivière. Il s’attendait à de nouvelles luttes avec les deux derniers ; mais il eut beau regarder, il ne les vit plus. « Savez-vous, dit-il à la demoiselle qui le suivait toujours, ce que deviennent ces deux gloutons ? — Non ; mais il vaut mieux que les aventures fuient devant vous, que vous devant les aventures. Avancez, et puissent ainsi disparaître tous les autres champions du Val sans retour ! »