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la dame de roevans.

les salue et dit son message : comment le Val sans retour avait cessé de mériter son nom, et comment un loyal chevalier en avait abattu les mauvaises coutumes. L’oncle d’Aiglin, en l’écoutant, ne peut contenir sa joie : il danse, il chante, il semble qu’il ait autant gagné que tous ceux qu’il va recevoir. Mais il en est tout autrement de la dame : elle pâlit, on est obligé de la soutenir, et quand elle revient à elle, elle demande qui a délivré le Val ? « Dame, dit l’écuyer, c’est Lancelot du lac que Morgain a emmené nous ne savons où. — Ah Lancelot ! puisses-tu ne jamais sortir de prison ! et si tu en sors, puisses-tu mourir d’armes empoisonnées ! tu m’as ravi toutes mes joies, la tranquillité de ma vie. — Dieu garde au contraire Lancelot de tout malheur ! fait l’écuyer ; c’est le plus loyal des chevaliers vivants. — S’il est tel que vous dites, reprend la dame, l’honneur en est à lui, le profit à son amie ; mais les autres en auront tout le dommage. »

Pendant que la dame se lamente ainsi, le châtelain fait disposer les chambres et tout préparer pour recevoir honorablement la noble et nombreuse compagnie ; mais pour aller au devant d’eux, il ne dépassa pas la porte de son verger. Les rues de la ville avaient été, pour les recevoir, jonchées d’herbes fraîches et de