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lancelot chez morgain.

lui après vous avoir dit ce qu’il en était de Lancelot et de messire Gauvain.

Le grand dépit de Morgain était de ne pouvoir rendre Lancelot infidèle à la reine. Elle lui offrait la liberté, sous la condition de ne jamais reparaître à la cour du roi ; et Lancelot prévoyant qu’il ne pourrait tenir un tel engagement, aimait mieux mourir en prison. Une nuit elle lui fit présenter un vin chaud fortement épicé dont les fumées devaient lui porter au cerveau. Quand il fut endormi, il crut voir la reine couchée dans un riche pavillon au milieu d’une verte prairie. Un jeune chevalier reposait près d’elle. Dans un transport de rage causé par cette vision, il courait à son épée pour en percer le chevalier. Et la reine lui disait : « Qu’allez-vous faire Lancelot ? Laissez ce chevalier, je l’aime ; il est à moi, je suis à lui. Ne soyez jamais assez hardi pour venir où je serai, tant votre compagnie m’est devenue déplaisante. »

Telle était la force de l’enchantement qu’en se levant, Lancelot crut encore voir le pavillon et le lit. Morgain avait eu soin de placer à portée son épée qu’elle avait tirée du fourreau ; si bien qu’il ne douta pas de la réalité de ce qu’il avait songé. Le lendemain elle arrive de grand matin, et regardant l’épée : « Quoi Lancelot ! dit-elle, voulez-vous donc vous