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la demoiselle de norgalles.

armé qu’il était encore. « Ôtez, bel ami, votre haubert, et laissez-moi bien voir celui que j’ai tant désiré. » Mess. Gauvain quitte ses armes, revient au lit et se place à ses côtés. Après en avoir fait sa volonté, il raconte comment il est venu, et sur la minuit ils s’endorment dans les bras l’un de l’autre.

Or la partie de la maison réservée à la demoiselle et aux chevaliers qui la gardaient donnait sur une cour, en face des chambres du roi de Norgalles. Le malheur voulut que Tradelinan eut besoin de se lever : en revenant, il ouvre la fenêtre, et comme les cierges étaient allumés, il voit à n’en pas douter les bras de la jeune fille passés autour du cou d’un chevalier. « Voilà ! dit-il, un beau profit de ma garde ! » Il referme doucement la fenêtre et revient conter à la reine ce qu’il a vu. « Ne pleurez pas, dit-il, ne faites pas de bruit, je sais un moyen de nous venger sans que le monde sache rien de l’aventure. » Il va réveiller deux chambellans. « Voulez-vous gagner de grandes seigneuries ? — Sire, il n’est rien que nous ne soyons prêts à faire pour vous. — Sachez qu’un chevalier félon est entré dans la chambre de ma fille : prenez, vous une épée, vous un gros mail. Vous approcherez du lit doucement ; vous qui tiendrez l’épée avancerez la pointe sous la couverture, juste