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lancelot en écosse.

de son côté, descendit vers lui. « Lionel, dit-elle à la hâte, il faut que le fort du tournoi[1] soit en vue de la tour. » Lionel revint à son cheval, reprit ses lances et courut rapporter à Lancelot les paroles de la reine. Mais Lancelot était tellement perdu dans ses rêveries qu’il n’avait pas vu Lionel entrer dans la tour. Avant même d’écouter, il répondit : « Je ferai ce qui plaira à la reine. »

Pour bien comprendre les incidents de la journée, il ne faut pas oublier qu’un cours d’eau sépare les Bretons de leurs ennemis. Sur la rive occupée par les Bretons est la tour de la reine ; sur l’autre rive la Roche aux Saisnes, et plus loin le camp des païens. Ceux-ci, pris à l’improviste, avaient été d’abord assez maltraités ; mais une fois armés, comme ils étaient deux fois plus nombreux, ils allaient contraindre les Bretons à repasser la rivière, quand mess. Gauvain et ses dix-neuf compagnons, suivis de près par Lancelot et Galehaut, arrivent à-propos et repoussent les Saisnes jusqu’aux premières lices de leur camp. Lionel cependant, étonné de ne pas voir Lancelot répondre aux vœux de sa dame, se jette au frein

  1. On donnait encore au douzième siècle le nom de tournois ou assemblées à toutes les grandes rencontres d’armées ennemies.