ſoit pour la qualité, ſoit pour le prix, avec les ſubſtances nutritives auxquelles nous ſommes tellement habitués, que ſitôt qu’elles manquent, il y a cherté & ſamine ; j’ai tâché ſeulement d’approprier à nos organes quelques végétaux négligés par les bêtes elles-mêmes, & qui dans des temps calamiteux peuvent devenir une nourriture moins nuiſible & plus agréable pour les pauvres, que toutes les choſes ſur leſquelles on les a vus contraints de ſe jeter pour entretenir une exiſtence douloureuſe qu’ils maudiſſoient.
Peut-on enviſager ſans effroi le tableau affligeant de ces époques déſaſtreuſes où l’induſtrie aux priſes avec la néceſſité, a été chercher de quoi aſſouvir une ſaim cruelle & dévorante dans les débris des corps appartenans aux trois règnes de la Nature, dans des matières terreuſes, osseuſes & ligneuſes ? qui lira ſans frémir l’hiſtoire de toutes ces tentatives inſpirées par le déſeſpoir, & des ſuites horribles qui en furent la cataſtrophe ? mais tirons le rideau ſur les malheurs paſſés, & s’il eſt poſſible de laiſſer entrevoir l’eſpérance de les prévenir, ce fera au moins pour les cœurs