Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/148

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Les moules sur le feu râlaient piteusement.
Or leurs valves, ainsi qu’un bec d’oiseau gourmand,
S’ouvraient ; et tout autour, des effluves marines
Vous prenaient à la gorge, évoquant une mer
Inconnue où croupit quelque varech amer,
xxxxÉpouvantement des narines !

Dans l’ombre, — alors frémit ton nez aux grands dédains !
En de fumeux poêlons rissolaient les boudins.
Parfois un oignon frit joignait ses notes sures
Au chœur des saucissons qui claquaient par la nuit :
La flamme leur ouvrait le ventre avec un bruit
xxxxTrès sec et des éclaboussures.

Plus loin, s’aplatissant en de larges osiers,
Les suffocantes schols déchiraient les gosiers,
Et, sans honte, étalant des lys de chair malade,
Elles arquaient leurs dos fendus en rais d’un sou,
Infections autour desquelles le voyou,
xxxxRegards convoiteux, se balade.

Puis c’étaient, asphyxie ambulante ! les gras
Et burlesques paniers qui défilent au bras
De quelque affreuse vieille à la voix très usée,
Panier qu’épanouit ce bouquet parfumé :
Crevettes, escargots, œufs durs, cheval fumé,
xxxxOù ton cœur prit mainte nausée !