Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/44

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Le sol est un gazon d’une eau fraîche arrosé
Et le jour s’y répand en débordantes sèves,
D’un diaphane éclat mollement irisé :

J’en ai la vision, quelquefois, dans mes rêves.

Il voltige dans l’air des rhythmes de sonnets ;
On voit passer le vol ardent des grandes rimes
Et l’on cueille les vers aux tiges des genêts ;

On a l’enivrement du pardon pour les crimes ;
Le ciel en est vibrant tout entier ; la Bonté,
Pour s’y développer, n’a pas besoin de primes.

Tout revêt un aspect lumineux, et l’été
Éternellement luit sur la plaine infinie
Où brille le soleil de l’amour convoité.

Par tout le Paradis plane cette harmonie,
Et — comme des tisons échappés aux chenets —
Il en sort les rayons flamboyants du Génie :

Il voltige dans l’air des rhythmes de sonnets.