Page:Pasteur - Œuvres complètes, tome 6.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je tiens a convaincre l’Académie. Sans évoquer une foule d’autres preuves, la suivante me paraît suffire. Cette cage renferme six cobayes qui ont été inoculés par le sang de lapins ayant succombé à la nouvelle maladie. Deux de ces cobayes ont été inoculés le 11 janvier, un le 17, trois le 20. Tous se portent très bien et n’ont jamais été malades. Or, les cobayes prennent facilement, comme on le sait, la septicémie et meurent le plus souvent en vingt-quatre heures et même moins.

La maladie nouvelle n’a donc pas de rapport avec la septicémie proprement dite, la septicémie aiguë, expérimentale, comme on l’a appelée quelquefois.

La contradiction soulevée par M. Colin doit donc être considérée comme nulle et non avenue[1].

J’en dirai autant de celle qu’il a introduite incidemment[2] au sujet de la bactéridie charbonneuse. Encore une fois cette bactéridie à l’état de filament, comme elle se trouve sans exception dans les animaux morts de cette affection, est détruite par la putréfaction, à une température relativement basse ; mais sous sa forme de spores ou de corpuscules-germes, elle résiste à une température de plus de 90° et à la putréfaction. Ces faits rendent compte de ce qui se passe dans la terre à la suite de l’enfouissement d’un animal. La solution du problème se complète par la connaissance de ce fait si curieux que les germes charbonneux sont rapportés à la surface de la terre par les vers de terre.

Je termine en disant combien il est pénible de voir les mêmes questions constamment remises à l’ordre du jour par des contradictions superficielles.

SUR DES ÉTUDES RELATIVES À LA RAGE[3]

Le nombre des chiens enragés est, d’ailleurs, ajoute M. PASTEUR, effrayant en ce moment ; depuis le 11 décembre, il a vu cinq cas de mort produits par des chiens enragés qui, tous, lui ont été signalés par un vétérinaire de Paris.

  1. Il existe une autre septicémie, septicémie très putride, développant une grande quantité de gaz infects, amenant des décollements de la peau avec grande production de pus, produite par un autre vibrion que la précédente. Cette septicémie diffère encore plus de la maladie nouvelle que celle qui précède.
  2. Dans la séance du 18 janvier 1881. Voir p. 558 du présent volume. (Note de l’Édition.)
  3. Bulletin de la Société nationale d’agriculture de France, séance du 23 février 1881 XLI, p. 110-117. – Suite et discussion, à cette Société, de la Communication qui précède