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Il insiste encore sur le nombre de cas de rage qui lui ont été signalés dans ses études. Depuis le mois de décembre, dit-il, il y a eu cinq morts d’homme, et un seul vétérinaire a reçu quinze chiens enragés. Un enfant a encore été tout récemment mordu à Montmartre.

[À PROPOS DE L’INOCULATION DE LA SALIVE D’UN ENFANT MORT DE LA RAGE]

[SUITE DE LA DISCUSSION À PROPOS DE LA TRANSMISSION DU VIRUS RABIQUE][1]

M. PASTEUR[2] : Je demande à l’Académie la permission de répondre en quelques mots à la Communication que vient de faire M. Colin[3] ainsi qu’à celle qu’il a présentée à la fin de la dernière séance[4]. Je commence par prendre pour moi seul ces paroles de M. Colin, à savoir que MM. Maurice Raynaud, Lannelongue et moi-même nous outrageons l’art expérimental, si délicat et si difficile, que nous abordons sans avoir le sens des choses de la physiologie et de la clinique. Je vais droit au fait en demandant à M. Colin de me dire comment il faut s’y prendre pour reconnaître la septicémie aiguë.

M. COLIN (d’Alfort) : M. Pasteur me demande un seul des caractères qui permettent de reconnaître la septicémie. Il a répondu lui-même à sa question. Dans sa Note de la dernière séance[5], il nous dit avoir constaté, sur ses lapins morts après 36 heures, une infiltration sous le ventre, sous la poitrine et le cou : du pus et des tissus nouveaux à l’endroit de l’inoculation, de la rougeur aux ganglions voisins, enfin de l’emphysème. Que faut-il de plus pour caractériser un foyer de septicité ? M. Pasteur a vu et indiqué la septicémie sans s’en douter …

M. PASTEUR : Ainsi, suivant M. Colin, il suffit qu’après une inoculation il y ait du pus, quelques bulles de gaz, pour qu’il y ait septicémie. C’est à croire que M. Colin n’a jamais vu la septicémie et qu’il parle de ce qu’il ignore absolument.

M. COLIN : Il faut aussi qu’on y trouve des vibrions ou plutôt, car je ne

  1. Bulletin de l’Académie de médecine, séance du ler février 1881, 2e sér., X, p. 136-144. — Ont pris part à la discussion dans cette séance COLIN, PASTEUR, LEGOUEST.
  2. Interventions de PASTEUR dans la discussion : Ibid., p. 140, 141, 142, 143.
  3. Colin, p. 130-140.
  4. Colin. Nouvelles expériences sur la culture des bactéridies charbonneuses dans le sol. Ibid., séance du 25 janvier 1881, p. 103-128.
  5. Voir, p. 559-566 du présent volume : Sur une maladie nouvelle provoquée par la salive d’un enfant mort de la rage. (Notes de l’Édition.)