Page:Pataud, Pouget - Comment nous ferons la Révolution, 1909.djvu/116

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dure et cette incartade réacteuse fut sans lendemain.

Un spectacle d’un ordre tout différent, — poignant parce qu’il mettait à nu de vieilles misères et réconfortant parce qu’il en annonçait la fin sans retour, — ce fut l’opération du dégagement des objets de toute valeur, grande ou faible, déposés au Mont-de-Piété. La procédure fut simple et expéditive : tous les dégagements s’opérèrent gratuitement.

Dans les foules faisant queue aux guichets n’étaient pas que des prolétaires ; nombreux aussi s’y pressaient des commerçants, des patrons, que les affres de l’échéance, les difficultés des affaires avaient acculés à l’emprunt sur gages. Or, chez ceux-ci, malgré que l’ordre de choses qui s’instaurait ne leur inspirât pas de grandes sympathies, au fond de leur regard luisait une flamme de satisfaction ; ils ne pouvaient s’empêcher de songer que, si la révolution leur réservait bien des déboires, du moins elle s’inaugurait aimablement.

Dès la victoire, une autre mesure fut prise spontanément : des équipes d’écrivains révolutionnaires ainsi que d’ouvriers d’imprimerie, avisèrent à assurer la réapparition des journaux. Il était normal que, les conditions sociales se trouvant bouleversées, les conditions d’édition le fussent aussi. Auparavant les quotidiens n’avaient guère été que des engins, précieux pour le capitalisme, — et ils s’asservissaient typographes et journalistes. Les uns et les autres devaient faire litière de leurs manières de