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comment nous ferons la révolution

s’étalaient plus crûment que jamais : la gabegie, le trafic des influences, la pillerie du trésor public, tous les marchandages, toutes les scélératesses, tous les scandales. Les ministères étaient des boutiques où le moins déloyal commerce était celui des décorations, — ce qui ne lésait que la bourse des vaniteux.

Toute cette boue, toute cette honte, qui sourdait fatalement de l’État, ne coulait pas plus noire et plus fétide que sous les régimes anciens. Mais, le sens critique du peuple s’était développé, sa clairvoyance s’était accrue et la répulsion lui venait de ce qui, autrefois, le laissait insensible. Aussi, son dégoût et ses rancœurs ne lui faisaient pas perdre la notion des réalités : il ne regardait pas en arrière et n’escomptait rien de profitable d’un retour à des formes gouvernementales surannées. S’il était saturé de scepticisme et subissait le Parlementarisme, — comme une maladie dont on ignore par quel traitement se guérir, — il savait au moins qu’aucun des spécifiques politiques ne serait un remède efficace.

Cette maturité de raisonnement, cet accroissement de conscience, qui gagnait de plus en plus le peuple, ne l’illuminait pas au point d’éclairer pleinement sa route. Il pressentait que les agrégats de la vie nouvelle étaient au delà du parlementarisme ; il entrevoyait ses germes dans le fédéralisme économique qu’annonçaient les syndicalistes ; il sentait grandir en lui une puissance sociale qui éliminerait la force militaire, gouvernementale et capitaliste à son déclin… Mais, ce n’étaient qu’aspirations vagues. Pour leur donner corps, il y fallait la fécondation révolutionnaire.