Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maudit a dessein d’épargner. Que mon seigneur prenne mon armure et mon cheval, il ne courra aucun danger. » Faut-il répéter.

— Non, je sais ma leçon… mais qu’en arrivera-t-il ?

Le roi des preux, répondit Fier-à-Bras, le fier Roland, n’aurait peut-être point consenti à cela, mais François de Bretagne n’y regardera pas de si près.

En ce moment, Laënnec, le sergent d’armes, qui avait été dépêché au conseil, revint, apportant l’ordre d’introduire l’écuyer et le nain. Ce fut malheureux. Une demi-heure de plus, et le bon Jeannin commençait à comprendre !

Le duc but en voyant entrer Jeannin et son petit compagnon. Après avoir bu, il ordonna à l’écuyer de s’expliquer. Fier-à-Bras prit alors la parole et le duc rebut. Fier-à-Bras parlait bien ; le récit qu’il fit de son aventure dans la tente du roi, récit qu’il enjoliva peut-être un peu, intéressa au plus haut degré le noble auditoire. En l’écoutant, le duc emplissait et vidait son verre avec un sincère plaisir.

— Coëtquen, dit-il, quand le nain eut fini, tu me donneras cette créature.

— Elle est à vous, mon seigneur, repartit le sire de Coëtquen.

— Viens ça, Nasboth ! s’écria le duc enchanté je t’appellerai Nasboth en souvenir de la salière. Verse-moi à boire… Ah ! ah ! l’Homme de Fer a promis qu’il me conduirait au Mont pieds et poings liés ?

— Oui, monseigneur, et pour vous dévoiler cette trame, je manque ma fortune.

Ici l’histoire des dix-huit mille deux cent cinquante tourtes d’Ardevon qui eut un succès de délire. Le duc but trois rasades coup sur coup pour témoigner, comme il faut, son contentement.

— Messieurs, dit-il, le roi Louis n’a oublié qu’une chose : c’est de nous convoquer à sa passe d’armes.

Comme il prononçait ce dernier mot, il se fit un grand bruit au dehors. Les trompettes sonnèrent. Le duc pâlit un peu et vida son gobelet d’un air chagrin. Laënnec souleva de nou-