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Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/192

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Verbes ע״ע

formes sont probablement dues à l’influence de l’araméen ; dans certains cas elles ont pu être favorisées par l’analogie des verbes פ״ן. Les formes aramaïsantes se trouvent aux futurs qal, hifil, hofal ; p. ex. qal יִסֹּב[1], יִסְּבוּ ; hifil יַסֵּב, יַסְּבוּ, יַסֵּ֫בּוּ.

Exemples[2]. Dans le verbe statif תַּם ê. parfait, achevé, fini, consumé il y a un futur en a יִתַּם, et un futur en o יִתֹּם qui semblent bien synonymes. Le verbe étant statif, le futur en a est normal. Dans ce verbe on a partout le redoublement aramaïsant (sauf Ps 19, 14, forme douteuse). À la 3e pl. on a 5 fois יִתַּ֫מּוּ avec le 2d redoublement, 1 fois seulement יִתְּמוּ.

Le verbe סָבַב présente des difficultés spéciales. Le qal סָבַב a un sens actif transitif entourer, faire le tour, et un sens réfléchi se tourner, se retourner, se détourner, d’où simplement passer à, aller, venir. Il semble dès lors qu’un nifal est inutile ; de fait, le nifal est assez rare et semble secondaire. Dans tous les exemples du nifal on pourrait avoir le qal, et même on l’attendrait dans les cas où le sens est entourer Gn 19, 4 ; Jug 19, 22 (opp. 20, 5 יָסֹ֫בּוּ) ; Jos 7, 9. Le futur יִסַּב se retourner, se détourner (employé seulement dans Éz, qui emploie aussi le pf. נָסַב) est un nifal. Le futur fréquent יִסֹּב, qui s’emploie seulement au sens réfléchi, est originairement un qal (évident dans 1 S 22, 18, après סֹב). Comme le futur יָסֹב s’emploie seulement au sens actif transitif (sauf Jér 41, 14, où fautif), le futur יִסֹּב aura pu facilement, à une certaine époque, être senti comme un nifal et amener la création d’un parfait correspondant נָסַב ; comp., dans un contexte semblable, יִסֹּב Nb 36, 7 et נָסַב Jér 6, 12.

Le verbe statif שַׁם* (fém. שָׁמֵ֑מָה) ê. stupéfié, épouvanté (homme), ê. désolé (terre etc.) a un futur normal יֵשַׁם*, qui est rare (Gn 47, 19 ; Éz 12, 19 ; 19, 7 ; cf. 6, 6). Le futur יִשֹּׁם est un qal ; c’est p.-ê. d’après ce futur considéré comme un nifal qu’on a créé le parfait nifal נָשַׁם* (sans futur) qui a le sens du qal.

  1. Les futurs qal aramaïsants des types יִסֹּב, יִסַּב sont semblables au nifal, § c. De plus, ces formes sont semblables au qal des פ״ן : יִפֹּל, יִגַּשׁ.
  2. Tous les exemples sont réunis dans Kautzsch, Die sogenannten aramaisierenden Formen der Verba ע״ע im Hebräischen, dans les Orientalische Studien Th. Nöldeke gewidmet (1906), t. 2, pp. 771-780). Kautzsch a atténué les conclusions de cette étude dans la dernière (28e) édition de sa Grammaire, § 67 g.