Aller au contenu

Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
93 gl
Voyelles paragogiques

sans doute parce qu’on avait souvent l’occasion de dire p. ex. « cette nuit » : הַלַּ֫יְלָה (cf. § 126 i).

Dans l’adverbe עַתָּה, mileraʿ en contexte, mais mileʿel en pause (עַ֔תָּה, עָ֑תָּה § 32 f) on a probablement aussi l’accusatif déterminé de עֵת temps : « hoc tempore », d’où nunc ; cf. Brockelmann, 1, 464.

h L’a de l’accusatif se trouve encore, dans certains mots, avec d’autres nuances. Dans חָלִ֫ילָה, qu’on traduit généralement par « ad profanum ! », il y a plutôt un accusatif de souhait comme dans certaines locutions arabes correspondantes (cf. § 105 f). Dans מְא֫וּמָה aliquid l’accusatif peut provenir de cas où le sens est quant à quelque chose, comme 1 S 21, 3. Dans אָ֫מְנָה en vérité Gn 20, 12 ; Jos 7, 20 †, synonyme de אָמְנָם vraiment (§ 102 b), on a, semble-t-il, l’accusatif de אֹ֫מֶן.

i Parfois le ◌ָה n’a plus aucune nuance d’accusatif ; il a un emploi purement rythmique. En poésie il a pu être parfois causé par une nécessité métrique : הַֽחַשְׁמַ֑לָה l’électrum Éz 8, 2 (en pause, dans une description grandiose), נַ֫חְלָה ruisseau Ps 124, 4, הַמָּ֫וְתָהla mort Ps 116, 15, אָ֑רְצָהla terre Job 37, 12.

j Le fait est assez fréquent au féminin, où l’on a la finale ◌ָ֫תָה (pour ◌ָ֫ה). Dans certains cas cette forme semble avoir été choisie pour éviter le contact de deux syllabes toniques : אֵין יְשׁוּעָ֫תָה לּוֹ pas de salut pour lui Ps 3, 3[1] ; קוּמָ֫ה עֶזְרָ֫תָה לָּ֫נוּ lève-toi à notre secours 44, 27 (opp. לְעֶזְרָ֖ה לוֹ 2 Ch 28, 21) ; לֹא עַוְלָ֫תָה בּוֹ Ps 92, 16. Autres exemples : בְּעַוְלָ֫תָה יְדֵיהֶם 125, 3 ; אֵימָ֫תָה וָפַחַד Ex 15, 16.

k Enfin on trouve le ◌ָה atone, qui ne peut donc pas être la finale féminine, dans quelques exemples suspects ou fautifs : הָֽרָחָ֫מָהle percnoptère Dt 14, 17 ; תַנּוּר בֹּעֵ֫רָהfour brûlant Os 7, 4 ; הַשַּׁ֫עַר הַתַּחְתּ֫וֹנָה la porte inférieure Éz 40, 19 ; גָּלִ֫ילָה ⸮ 2 R 15, 29 (l. גליל ו) ; הַֽחִיצ֫וֹנָה ⸮ 16, 18 (ה dittographique).

l Voyelle paragogique ◌ִי. Cette voyelle est appelée ḥireq compaginis (i de jointure) parce qu’elle se trouve ordinairement dans des noms à l’état cst., par conséquent en liaison étroite. À raison de son emploi ordinaire et de son origine, cet ◌ִי peut être appelé i de l’état construit. C’est le ◌ִי qu’on trouve à l’état construit des noms de

  1. Cf. Briggs in h. l. (International critical Commentary).
        P. Joüon, Gramm. de l'hébreu bibl.
15