Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/86

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cette race, la petite vérole ; ces ossements étaient tombés des arbres auxquels il est d’usage de suspendre les morts enveloppés dans des peaux. Un ours énorme buvait dans une mare, et notre chasseur s’élança pour chercher à le tirer. L’ours l’attendit de pied ferme ; l’Indien hésita un peu et tira de trop loin. L’ours se leva tranquillement et regardant le chasseur un instant, se détourna et s’en alla au pas. Je résolus de tenter à mon tour la chance. Comme j’étais bien monté, je m’approchai à trente pas, et, tandis que l’animal me regardait, je lui tirai mes deux coups ; l’un des deux le blessa à l’épaule, et l’ours, avec un hurlement sauvage, se mit à ma poursuite. Je revins alors au galop près de M. Rowand, qui le blessa de nouveau ; cependant l’ours avançait toujours.

Pendant ce temps, l’Indien et moi, nous avions rechargé nos armes ; l’Indien fit feu, l’ours se dressa de nouveau sur les jambes de derrière ; profitant du moment, je lui logeai une balle dans le cœur ; l’Indien alors écorcha cet immense gibier, et coupa les pattes qui nous fournirent un excellent rôti. Les griffes, que je conservai, mesuraient quatre pouces et demi. Il n’est pas d’animal, sur tout le continent, que les Indiens craignent autant que l’ours, et ils se garderaient bien de l’attaquer sans avoir un cheval très-vite.

Nous eûmes beaucoup de difficulté à trouver une place pour camper, à cause du nombre des bisons qui nous entouraient, et nous dûmes tirer des coups de fusil toute la nuit pour les éloigner. Dans un certain endroit, le sol était couvert de bois de daims. Notre course avait été si rapide que le cheval de M. Rowand était forcé ; mais nous avions des chevaux de relais, et nous abandonnâmes le pauvre animal aux loups qui