Page:Paul Leroy-Beaulieu,Le travail des femmes au XIXe siècle,1873.djvu/4

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Malheureusement les difficultés de la question égalent son importance ; et quoique, à première vue, pour un esprit porté aux théories absolues, cette matière puisse paraître simple et aisée, une intelligence judicieuse et réfléchie découvre dans la complication de la vie et de l’industrie moderne mille raisons qui en rendent la solution extrêmement délicate.

Avant d’étudier le travail des femmes, tel qu’il se présente de nos jours, nous voudrions en esquisser brièvement l’histoire. La lumière du passé est nécessaire à l’intelligence du présent, La connaissance exacte des rapports sociaux qui ne sont plus est indispensable au moraliste qui discute et juge les relations existantes. Pour ne pas s’aventurer en aveugle dans le champ du possible, qui n’est souvent que le champ des chimères, il importe de s’être muni de tous les renseignements que peut apporter l’expérience.

À l’homme et à la femme la nature a départi d’inégales forces et des charges inégales : mais, chose remarquable, elle a fait porter la supériorité des charges précisément du côté où elle avait mis l’infériorité des forces. Elle a rendu l’homme vigoureux, capable de longs efforts et d’âpres entreprises : elle a fait la femme faible, soumise par les nécessités de sa constitution à de nombreuses et périodiques épreuves ; elle a fait peser sur cette créature chétive le fardeau de la gestation et de l’enfantement ; elle a confié à ses bras débiles le soin des jeunes générations. Ainsi il s’est