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Les Gloses de Cassel

Les Gloses de Cassel ont été étudiées par Fr. Diez il y a une trentaine d’années dans ses Anciens glossaires romans (traduction par A. Bauer. 5e fascicule de la Bibliothèque de l’École des Hautes-Études). Elles sont généralement regardées comme appartenant au viiie siècle et, en ce qui concerne la langue, on paraît être d’accord avec le père de la philologie romane pour les attribuer au domaine d’oïl et même à la partie nord-est de ce domaine où existe le phénomène du maintien de w germanique. C’est au point que les auteurs de deux chrestomathies de l’ancien français les ont imprimées dans leurs recueils : c’est par les Gloses de Cassel que s’ouvre la Chrestomathie de l’ancien français de Bartsch et elles figurent immédiatement après les Gloses de Reichenau dans le remarquable et savant Altfranzösisches Uebungsbuch de MM. Fœrster et Koschwitz. Cependant, déjà en 1855, Holtzmann avait cherché « à établir une parenté entre la langue du glossaire et le roumanche » (ap. Diez, p. 78) et dernièrement, en 1892, un savant italien, M. Monaci, professeur à l’Université de Rome, a déclaré formellement qu’il regardait ces gloses comme un texte de la région lombardo-frioulane, en annonçant qu’il publierait prochainement les raisons qui le portaient à émettre semblable assertion[1]. À ma connaissance, ces arguments annoncés depuis deux ans n’ont pas été publiés. Je me propose dans le présent travail d’examiner personnellement la question et d’essayer d’arriver à une localisation des Gloses de Cassel.

L’étude de Diez est faite surtout au point de vue lexicographique ;

  1. Voy. Romania, XXII, p. 627. M. Monaci a fait cette déclaration dans les Rendiconti della R. Accademia dei Lincei (juin 1892), qui ne me sont pas accessibles. Il y dit aussi que la pièce 81 des Carmina Burana est également lombardo-frioulane.