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Cependant, montez encore la rue Notre-Dame de Lorette, faites le tour de la place Vintimille, où rêve la grande image de Berlioz à la Damnation de Faust et des pauvres hommes, flânez le long de la rue Bréda ou dans les rues adjacentes, avant dîner, avant l’heure de l’apéritif, alors qu’en hiver le Moulin-Rouge a déjà allumé ses bras fantastiques aux lueurs sanglantes, et si la buée n’est pas trop épaisse aux vitres, buée de vapeur d’eau et de fumée de cigarettes, jetez un coup d’œil indiscret à travers les fentes des brise-bise des boutiques de coiffeurs pour dames, et vous assisterez à un spectacle qui n’est vraiment pas banal.

Dans la première pièce et dans le salon du fond, une quinzaine de dames en cheveux, dans un agréable déshabillé, surtout en été, sont assises devant les glaces, livrant docilement leur tête la plupart du temps, flavescentes, aux peignes et fers savants des jeunes artistes capillaires, tandis que d’autres, attendent leur tour en fumant des cigarettes et en jacassant comme des pies borgnes ou simplement comme des femmes, ce qui est amplement suffisant.

À volonté, l’artiste fait à ces dames une tête de Japonaise avec de grosses coques pour les brunes, de Mimi Pinson avec des boucles folles pour les blondes, ou simplement une coiffure à l’Andalouse, à l’Italienne, à la chien, à l’Impératrice, etc., suivant la figure de la jeune enfant et de l’argent qu’elle veut dépenser — je dis la