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vertu, — en forme d’élision et renversée — c’est le cas de le dire ! C’est une grave erreur ; vertugadin vient de l’espagnol vertugado de verdugo qui veut dire baguette.

Le vertugadin fut donc bien l’ancêtre de la crinoline et lorsque, jeunes et jolies, nos arrière-grand’mères dansaient en vertugadin une sabotière rythmée par les sabots de Polichinelle, un menuet langoureux, précieux, mièvre, mais nonobstant plein de grâce, ou un passe-pied, dont le mouvement très vif piquait des roses incarnates à leurs joues et simplement incarnadines aux joues des anémiques, nos futurs arrière-grands-pères en perdaient la tête, devenaient subitement amoureux et ne tardaient pas à se marier…

Oui vraiment
De mon temps
Mes enfants
Tout était mieux qu’à présent !

Au lendemain de la guerre, voilà quelque trente ans, j’ai pu me croire un instant un de ces heureux danseurs du XVIIIe siècle, car nous avions fidèlement reconstitué toutes ces danses désuètes, une bande de jeunes gens et de jeunes filles chez la princesse de Ratazzi, ma vieille et excellente amie qui vient de mourir…

Non, mes chères lectrices, mon ambition est moins haute et je veux tout simplement, comme un bon bourgeois de la Grand’Ville, qui a le triste privilège de vieillir, vous rappeler les modes du commencement du dernier empire défunt, comme