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placement que des milliers de camelots, de petits commerçants improvisés viendraient avec des charrettes entasser des montagnes de sacs de confetti, tout le long des boulevards, surtout aux intersections des rues, et enfin on croyait savoir également que la population parisienne, toujours très friande de distractions populaires à bon marché, s’empresserait de se rendre en masse sur les boulevards, pour se livrer à cœur joie, à l’inoffensive bataille des petits ronds multicolores.

Tel, Napoléon la veille d’Austerlitz, le préfet de police, l’excellent M. Lépine, était grave et songeur, mais cependant absolument calme et maître de lui : il en avait vu bien d’autres à Alger, du temps de l’élection de Drumont, en sa qualité de gouverneur.

Mais tout en étant calme, il n’en avait pas moins la haute vision, la notion claire de ses responsabilités et, avant tout, il voulait être à la hauteur des événements et ne commettre ni gaffe, ni oubli.

C’est ainsi que tout bien pensé et tout bien pesé sagement dans son esprit, à onze heures 17 minutes du soir, le mercredi, à tout hasard il résolut de créer ou plutôt d’improviser, séance tenante, deux escouades de chiens sauveurs, mi composée de chiens du Mont Saint-Bernard, très ferrés pour retirer les gens de dessous la neige des confetti, mi de chiens de Terre-Neuve, non moins habiles à retirer les ivrognes, les enfants ou les militaires sur le point de périr dans les