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turellement, avec mon flair d’économiste, je me disais : mais il doit y avoir là des industriels qui doivent faire fortune.

N’y tenant plus, j’en questionnai un, qui me répondit :

— Détrompez-vous, Monsieur, si le vieux papier, là matière première, ne coûte pas encore trop cher, quoique augmentée, sa transformation en matière ouvragée, si j’ose m’exprimer ainsi, est trop coûteuse. Pensez donc, il faut teindre ces papiers, puis les découper, puis les mettre en sac, par couleurs séparées ; tout cela est long et coûteux. Il y a vraiment trop de manipulation.

Je le quittai rêveur, lorsque tout à coup, en prenant un apéritif, avec un ami qui arrivait tout exprès de Pézénas pour voir la bataille de confetti du boulevard des Italiens, je me trouvai sur le chemin de la fortune et voici comment :

Tout en buvant son orgeat au sirop de lentilles, mon ami me parlait des péripéties de son voyage.

— Figure-toi que ces Compagnies de chemins de fer sont idiotes et vexatoires ; ainsi, sous prétexte de contrôle, de Pézénas à Paris, les employés des dites Compagnies ont percé mon billet de sept petits trous, de sorte que je n’avais en mains, en débarquant ce matin, qu’un bout de dentelle ou une écumoire, à ton choix.

Je lui sautai au cou, au beau milieu du café ; tous les consommateurs voisins me crurent fou et