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Maintenant, que l’on ne crie pas à l’immoralité, car les brigands ne sont pas ce qu’un vain peuple pense ; la plupart se sont modernisés, et il y en a beaucoup qui sont, dans la plus large acceptation du mot, les plus braves gens de la création. Cela me rappelle un souvenir, déjà lointain, cependant, très peu d’années après la guerre. Un de mes amis, natif de Pont-Audemer, et frère d’un des plus spirituels avoués de Paris — tout le monde a reconnu M. Ménier, — à la suite de son mariage, avait repris la grosse maison de fers et charbons de son beau-père anglais, à Swansea, dans le pays de Galles, et, comme il avait de très gros intérêts en Grèce, dans les mines du Laurium, si j’ai bonne mémoire, il partit un beau jour à Athènes avec sa jeune femme, charmante et fragile comme un biscuit de Sèvres.

Naturellement, il avait à aller à ses affaires, à la mine dont il était administrateur, et, de suite, il pensa à louer une voiture au mois pour permettre à sa femme de se promener dans la campagne environnante et de venir souvent au-devant de lui pour le chercher avant dîner.

— Ne faites pas cela, malheureux, votre femme sera enlevée par les brigands aux portes de la ville, et ensuite, ça vous coûtera cher.

— Alors, il faut qu’elle reste tout le temps enfermée dans Athènes ?

— Pas le moins du monde, entendez-vous avec un chef de brigands !

— Vous n’y pensez pas !