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point encore révélée. Le ciel prit l’aspect de l’airain en fusion ; une vapeur brûlante vint remplacer le zéphyr du matin, et le soleil déchaîné mérita les épithètes qu’on ne donne ordinairement qu’à la tempête. Avant midi, tout le monde rentrait, fermait les persiennes, et s’étendait sur son lit jusqu’à cinq heures. La ville appartenait alors aux chiens et aux cigales. Le soir, on voyait les fenêtres s’ouvrir, les grisettes nonchalantes se montrer en peignoir, les marchands bâiller en rétablissant leur étalage, les cafés tirer les rideaux de leurs portes et les acquajoli remettre leurs verres dans le bassin des fontaines.

Pendant le temps consacré à la sieste, n’ayant pas la prétention d’être un parfait Romain, il m’arrivait souvent de ne point dormir. L’homme du nord ne s’acclimate pas tout de suite. Il apporte en lui, des régions boréales, une fraîcheur que son sang garde longtemps, comme ces bouteilles qu’on tire de la cave et qui demeurent froides au milieu des chaleurs du festin. Un jour, à deux heures