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talon. À la fin d’un monologue, Gozzi avait répété plusieurs fois la réplique convenue d’avance sans que le Pantalon fît son entrée ; obligé d’improviser, en attendant que l’acteur parût, il regarde dans la salle et aperçoit la célèbre Tonina parmi les spectateurs. Afin de tirer la scène en longueur, dona Lucia prend dans ses bras sa petite fille au maillot, lui donne à téter et lui adresse une leçon maternelle, en l’appelant Tonina : « Poveretta Tonina, dit la mère Pantalone, plutôt que de te voir un jour faire le métier de coureuse d’aventures, guigner les cavaliers à travers tes persiennes, et te couvrir de dentelles et de bijoux si mal gagnés, j’aimerais mieux que le ciel coupât tout de suite le fil si menu de tes jours enfantins ; j’aimerais mieux que tu fusses laide comme le diable et noire comme une poêle à frire, plutôt que de briller comme tant d’autres Tonine resplendissantes de grâces perfides et de beautés funestes. Mais si tu devais, contre tous mes désirs, devenir une Tonina comme j’en connais, au moins ne va pas pren-