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du toscan. Le gouvernement lui passait ses travaux sérieux à cause de l’extravagance de son nom et de ses statuts. Elle s’appelait académie des Granelleschi, c’est-à-dire des amateurs d’âneries. Gaspard Gozzi faisait déjà partie de cette réunion ; il lut à ses confrères plusieurs morceaux légers de Charles Gozzi, qui fut élu membre de l’académie. Un vieux seigneur maniaque, infatué de lui-même et grand rimailleur, comme on en voit beaucoup en Italie, fut choisi pour président par une élection ironique. À chaque séance, ce président, monté sur un trône festonné, lisait d’une voix de fausset quelque pièce de vers toujours applaudie, et ces succès de ridicule, qu’il prenait pour bons, lui méritèrent le titre glorieux d’arcigranellone, ce qui veut dire littéralement archi-imbécile. Les autres membres de cette académie étaient des savants, des bibliophiles, des poètes et des écrivains distingués. On était en rapport avec l’académie de la Crusca, on introduisait à Venise les bons livres florentins, et on y répandait le goût du