Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/313

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Calaf pour remarquer la flatterie que l’énigme adresse à la seigneurie de Venise. Turandot aurait dû retourner toute la dernière moitié de son discours, et dire : « Elle a fait jadis trembler le monde ; mais, hélas ! aujourd’hui elle n’est plus ni orgueilleuse, ni triomphante, et les ailes de l’ancien phénix, fatiguées et repliées tristement, ne couvrent plus de leur ombre la terre ni les mers. » Calaf se remet enfin de son étourdissement, et, malgré l’inexactitude de la proposition, il devine que la bête féroce est le lion juste et terrible de l’Adriatique. Tout le divan bat des mains ; l’empereur embrasse son gendre, et la princesse tombe en faiblesse au milieu de ses femmes. En vain Turandot demande une nouvelle épreuve ; le débonnaire Altoun se met en fureur et la menace de sa malédiction. Alors Calaf s’interpose ; il supplie l’empereur d’avoir pitié du chagrin de sa fille ; il ne peut supporter l’idée d’avoir fait couler les larmes de Turandot, et renoncera plutôt à elle, et même à la vie, que de lui déplaire. On se dé-