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cette compagnie. L’union, la bonne harmonie, la discipline, les règlements sévères sur la conduite des femmes, me séduisirent. Je me flatte d’avoir été utile à la troupe et au genre, qui était avant moi plus ampoulé qu’il ne l’est. Quant au désintéressement et au zèle que j’ai montrés envers mes protégés, je n’en dirai rien. Qui pourrait compter tout ce que je leur ai fait par complaisance de prologues, d’adieux en vers, combien de chansons à intercaler, de quêtes de compliments pour les jolies actrices de passage, combien de milliers d’additions aux farces, combien de soliloques, de désespoirs, de menaces, de reproches, de prières ! Combien de fils j’ai morigénés, combien de pères j’ai suppliés, dans toutes ces pièces où les débutants timides ne savaient s’ils auraient la force d’improviser ! J’étais de fondation le compère, le parrain, le conseiller, le médiateur, le cher poëte, aux baptêmes, aux noces, aux querelles, toujours en badinant et toujours avec succès, car je les aimais tous.