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réclamait, nous partîmes, M. V… et moi, par le courrier de Milan, nous promettant, par un serment solennel, de nous retrouver un jour sur la place Saint-Marc, ce que nous n’exécuterons probablement jamais. Annibal lui-même, qui avait de la volonté, ne revit plus l’Italie une fois qu’il eut touché les côtes d’Afrique.

En sortant de cette ville si originale, les choses perdaient leurs couleurs à mesure que nous avancions vers l’ouest. Vicence et Vérone ont encore quelque physionomie. À Milan, l’Italie s’éteint. Sauf un petit nombre de palais, on ne voit plus que des maisons modernes. Les mœurs pairaissent moitié allemandes, moitié françaises, et on reconnaît dans tous les usages cette civilisation à la fourchette qui satisfait également l’Anglais et le commis-voyageur. Sous les arbres de la promenade, au milieu des équipages, on peut se croire aux Champs-Elysées ; le soir, la tasse de thé septentrionale vous transporte à Londres ; vous rencontrez dans le peuple une foule de bossus et de nains, comme dans nos villes manufac