Page:Pavie - Krichna et sa doctrine.djvu/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 413 —

qua sa pensée : « Je ne suis point un Yâdava, je ne suis point non plus Mâdhou (Krichna) ; je suis celui qui tient en main l’arc Gândîva. » — Là-dessus Ardjouna se rendit dans la demeure du brahmane ; il fit de sa maison comme une cage hérissée de ses flèches ; — puis il y fit une porte, par où la femme du brahmane vint rejoindre son mari. — Lui-même, il étendit son arc sur l’enfant, et, songeant à Civa, concentra ses pensées sur ce dieu ; — mais la femme du brahmane vint lui dire humblement : « Arrête ! ô Kchatrya, roi de la terre ! — Dès en naissant (cet enfant, qui est mort-né), nous a causé de la douleur ; comment donc le rappellerais-tu à la vie ? » — Et Ardjouna, qui n’en ramenait pas un à la vie, s’étonnait en lui-même. — Il eut donc regret de son entreprise ; certes, il en fut profondément affligé. — Le brahmane, furieux, se mit à l’injurier dans son mécontentement : « Oh ! pervers, qu’es-tu venu faire ? — Où donc aurais-tu cet héroïsme auquel tu prétends sous le nom d’Ardjouna ? Ô homme impuissant ! … le jour est passé ; — comment ai-je pu espérer que quelque autre me les sauverait ? Qui peut, si ce n’est Krichna (Vichnou aux quatre bras), les rappeler à la vie ? — Aujourd’hui, la promesse n’a eu aucun effet ; pourquoi m’as-tu empêché de le porter sur le bucher funèbre[1] ? » — Le prince dit : « Je ferai disparaître ta peine ; j’irai au ciel chercher les enfants et te les apporterai ! » — Alors, Ardjouna monta au ciel tout attristé, en proie à une grande inquiétude. — En vain parcourut-il tout le ciel, nulle part il ne vit les enfants qu’il cherchait.

— Grande était l’inquiétude d’Ardjouna, à Lâlatch ! il avait

  1. Le texte indique, mais avec un certain embarras, que le brahmane avait perdu précédemment plusieurs enfants ; celui qu’Ardjouna voulait ressusciter était mort-né, comme les autres : les ressusciter, c’était donc les créer de nouveau. Civa n’a pas cette puissance, qui n’appartient qu’au Créateur, à l’âme universelle.