Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/109

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pensez pas aux socialistes ayant introduit chez eux pour eux les mœurs parlementaires, l’unanime inclinaison devant la majorité, fût-elle factice, et tous les trucs des Parlements bourgeois, le vote par division, le vote par paragraphes et le vote sur l’ensemble, et toutes les motions, et les motions d’ordre, et la question préalable, et le vote en commençant par la motion la plus éloignée, et le vote sur la priorité, et le vote sur la forme, et le vote sur le fond, et le vote par tête, et le vote par ordre, et le vote par mandats, et le vote avec les mains, et le vote avec les pieds, et le vote avec les cannes, et le vote avec les chapeaux, sur les tables, sur les chaises, et le vote en chantant, et les formules heureuses de conciliation. Je nommerais parlementaristes ceux qui font et professent la théorie du parlementarisme.

— Mais ces derniers mots me déplaisent. Parfaitement. Vous donnez à vos malades et à vos maladies des noms bien peu français.

— Les noms sont bien peu français ; les actes que j’ai nommés sont bien peu français et bien peu socialistes.

— Et quand le médecin vous eut bien ausculté ?

— Ce médecin leva les bras au ciel, non pour adorer, car depuis longtemps les médecins sont devenus peu adorateurs, mais pour marquer son étonnement. « Eh madame ! » dit-il à ma femme, — les médecins négligent de s’adresser au malade lui-même, — « quelle maladie extraordinaire ! je n’ai pas encore vu deux cas qui se ressemblaient. » Entendant ces paroles, je me rappelai cette proposition : qu’il n’y a pas de maladies, qu’il n’y a que des malades.

— Proposition qui paraît modeste et même humble, mais qui est présomptueuse et veut réduire les aspects