Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/128

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tout ce que nous aimons, sur tout ce que nous préparons, sur tout ce que nous faisons, sur tout ce pour quoi nous vivons, des paroles aussi redoutables, d’une injustice élégante aussi profonde que ces deux idéalistes. Il ne suffit pas de sous-intituler un dialogue Probabilités ou Rêves : il convient que l’incertitude réside au cœur des probabilités, et que l’improbabilité réside au cœur des rêves.

— N’oublions pas l’Avenir de la Science. Renan l’annonce lui-même en note : « Je publierai plus tard un essai, intitulé l’Avenir de la Science, que je composai en 1848 et 1849, bien plus consolant que celui-ci, et qui plaira davantage aux personnes attachées à la religion démocratique. La réaction de 1850-51 et le coup d’État m’inspirèrent un pessimisme dont je ne suis pas encore guéri. »

— Je ne crains pas beaucoup que M. Jules Roche ait fait campagne au Figaro contre le socialisme. Je crains un peu plus que Macaulay intervienne au débat. Mais je redoute que ce Théophraste et que ce Théoctiste prononcent assurément leurs propositions inintelligentes admirablement vêtues. Je redoute que ces probabilités soient présentées sur un certain mode comme si elles étaient certaines, et que ces rêves ne soient pas présentés vraiment sur un mode improbable. Donnez-moi ces Dialogues. Merci. Écoutez ce Théophraste en ses probabilités. Attendez un peu. Je vais le trouver. Le voici. Écoutez bien : « Voilà pourquoi les pays où il y a des classes marquées sont les meilleurs pour les savants ; car, dans de tels pays, ils n’ont ni devoirs politiques, ni devoirs de société ; rien ne les fausse. Voilà enfin pourquoi le savant s’incline volontiers (non sans quelque ironie) de-