Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/139

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que présentent certains dialogues platoniciens, moins souples et moins merveilleux. Ils réconcilieraient presque avec les manies scolastiques. Ils réconcilient avec tous les échafaudages de Kant. Ils font aimer plus que jamais les bonnes habitudes scolaires des honnêtes professeurs de philosophie. Et même ils feraient aimer les gens qui ont eu souci de baralipton. Et ils feraient pardonner aux jésuites leurs distinguo.

— Vous parlez de Kant, mon ami : quelle ignorance — voulue — ou quelle méconnaissance des frontières kantiennes, frontières non revisées pourtant, et frontières sans doute inrevisables. Tout comme l’auteur, ayant inscrit Probabilités au fronton du second dialogue et Rêves au fronton du troisième, a négligé un peu dans son texte même que les probabilités n’étaient pas certaines et que les rêves étaient improbables, tout à fait ainsi, ayant nommé Kant, par Eudoxe, au commencement des Certitudes, se heurtant aux antinomies de Kant, par Euthyphron, à la fin des Rêves, il a dans son texte même oublié un peu ce que je me permets de nommer la prudence et que l’on pourrait aller jusqu’à nommer la mégarde kantienne. Et même avant Kant. Eudoxe, au commencement du premier jour, portait sur lui un exemplaire des Entretiens sur la métaphysique, de Malebranche. Mais ces grands philosophes avaient un soin préalable de leurs définitions et de leurs distinctions. Une simple distinction du très grand, de l’indéfini et de l’infini, une simple distinction du perdurable, du temporel indéfini, du temporel infini et de l’éternel annulerait plusieurs paroles de Théophraste, plusieurs fondations de Théoctiste : elle endommagerait ainsi le Dieu qu’ils