Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/198

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maladie et de la mort à l’idée que les chrétiens ont de ce qu’ils croient aux mêmes égards. Leur épouvante me tient à l’âme. Il n’y a pas seulement, des catholiques à nous, la distance d’une imagination vaine à une sincère critique universelle ; cela ne serait rien en comparaison de ce qu’il y a : mais vraiment il y a l’inconciliabilité d’une imagination perverse à une raison modeste amie de la santé. J’ai pensé beaucoup à cela pendant plusieurs années que mes amis Marcel et Pierre Baudouin travaillaient à un drame en trois pièces qu’ils finirent d’écrire en juin 1897 et que les imprimeurs finirent d’imprimer en décembre de la même année.

— Au revoir, mon ami, me dit le docteur, et portez-vous bien. Je reviendrai vous voir encore une fois, car je sais les honneurs que les gens bien portants doivent aux convalescents. Puis c’est vous qui reviendrez chez moi.

— Car je sais les honneurs que les simples citoyens doivent aux moralistes. Revenez vite, monsieur l’honorable, revenez bientôt.

— Je ne saurais, car j’ai beaucoup de commissions à faire à Paris.

— Hâtez-vous, monsieur le commissionnaire, hâtez-vous, car j’attends mon cousin.

— Qui donc ce cousin ?

— Et quand mon cousin est là, docteur, on ne peut plus causer tranquille. Mon cousin n’aimera pas beaucoup les lenteurs et les longueurs de nos dialectiques attentives. C’est un garçon impatient.

— Mais qui donc, ce cousin ?

— Je vous dis qu’il est impatient comme vous. Sachez donc, ô docteur, que j’ai en province un cousin que je