Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/163

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pas nous faire perdre l’honneur. Au contraire quand Jaurès, par une suspecte, par une lâche complaisance à tout le hervéisme, et à Hervé lui-même, à Hervé personnellement, d’une part, pour la patrie, laissait dire et laissait faire qu’il fallait renier, trahir et détruire la France ; créant ainsi cette illusion, politique, que le mouvement dreyfusiste était un mouvement antifrançais ; et quand d’autre part, pour la foi, quand mû par les plus bas intérêts électoraux, poussé par la plus lâche, par la plus basse complaisance aux démagogies, aux agitations radicales il disait, il faisait que l’affaire Dreyfus et le dreyfusisme entrassent, comme une partie intégrante, dans la démagogie, dans l’agitation radicale anticléricale, anticatholique, antichrétienne, dans la séparation des Églises et de l’État, dans la loi des Congrégations, waldeckiste, dans la singulière application, dans l’application combiste de cette loi ; créant ainsi cette illusion, politique, que le mouvement dreyfusiste était un mouvement antichrétien ; il ne nous trahissait pas seulement, il ne nous faisait pas seulement dévier, il nous déshonorait. Il ne faut jamais oublier que le combisme, le système combiste, la tyrannie combiste, d’où sont venus tous ces maux, a été une invention de Jaurès, que c’est Jaurès qui par sa détestable force politique, par sa force oratoire, par sa force parlementaire a imposé cette invention, cette tyrannie au pays, cette domination, que lui seul l’a maintenue et a pu la maintenir ; que pendant trois et même quatre ans il a été, sous le nom de M. Combes, le véritable maître de la République. « Quand Jaurès, disait déjà Bernard-Lazare dans cet admirable dossier, dans cet admirable mémoire, dans cette admirable consultation, datée de