Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/177

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fut toujours comme ils voient qu’il est dans le monde moderne, où il n’y a plus de chrétienté, au sens où il y en avait une. Ainsi dans le monde moderne tout est moderne, quoi qu’on en ait, et c’est sans doute le plus beau coup du modernisme et du monde moderne que d’avoir en beaucoup de sens, presque en tous les sens, rendu moderne le christianisme même, l’Église et ce qu’il y avait encore de chrétienté. C’est ainsi que quand il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre. Tout ce qui passe dans un âge de l’humanité, par une époque, dans une période, dans une zone, tout ce qui est dans un monde, tout ce qui a été placé dans une place, dans un temps, dans un monde, tout ce qui est situé dans une certaine situation, temporelle, dans un monde, temporel, en reçoit la teinte, en porte l’ombre. On fait beaucoup de bruit d’un certain modernisme intellectuel qui n’est pas même une hérésie, qui est une sorte de pauvreté intellectuelle moderne, un résidu, une lie, un fond de cuve, un bas de cuvée, un fond de tonneau, un appauvrissement intellectuel moderne à l’usage des modernes des anciennes grandes hérésies. Cette pauvreté n’eût exercé aucuns ravages, elle eût été purement risible si les voies ne lui avaient point été préparées, s’il n’y avait point ce grand modernisme du cœur, ce grave, cet infiniment grave modernisme de la charité. Si les voies ne lui avaient point été préparées par ce modernisme du cœur et de la charité. C’est par lui que l’Église dans le monde moderne, que dans le monde moderne la chrétienté n’est plus peuple, ce qu’elle était, qu’elle ne l’est plus aucunement ; qu’ainsi elle n’est plus socialement un peuple, un immense peuple, une race, immense ; que le christianisme n’est plus socialement la religion des pro-